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fr: 4/Un Manifeste Cyborg: Science, Technologie et Feminisme Socialiste à la fin du XXème Siècle

ref:

Simians, Cyborgs and Women

Free Associations Books

London
1991

www.stanford.edu/dept/HPS/Haraway/CyborgManifesto.htm

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by Donna J. Haraway



traduction Anne Smolar, Séverine Dusollier


" L’ECONOMIE DU TRAVAIL A DOMICILE" EN NON DOMESTIQUE



La " Nouvelle Révolution Industrielle " produit une nouvelle classe ouvière mondiale, ainsi que de nouvelles sexualités et ethnicités. La mobilité extrême du capital et l’émergent partage international du travail sont entremêlés à l’apparition de nouvelles collectivitées et à l’affaiblissement des groupements familiers. Ces développements ne sont pas neutres, ni au niveau du genre, ni au niveau de la race. Les hommes blancs au sein des sociétés industrielles avancées sont devenus d’une manière inédite vulnérables à la perte permanente du travail, et les femmes ne sortent pas du chômage aussi vite que les hommes. Il ne s’agit pas simplement du fait que les femmes des pays du tiers-monde sont la force de travail préférée des multinationales du secteur scientifique dans les secteurs de l’exportation, particulièrement dans l’électronique. La situation est plus systématique et implique la reproduction, la sexualité, la culture, la consommation et la production. Dans la prototypique Silicon Valley, de nombreuses vies de femmes se sont structurées autour de l’emploi dans des secteurs dépendant de l’électronique. Leurs réalités intimes sont la monogamie hétérosexuelle en série, la négociation de la garde de l’enfant , l’éloignement par rapport à la famille éloignée ou à la plupart des autres formes de communautés traditionelles, une forte probabilité de solitude et d’extrême vulnérabilité économique plus les femmes sont âgées. La diversité ethnique et raciale des femmes de la Silicon Valley structure un microcosme de différences conflictuelles au niveau de la culture, de la famille, de la religion, de l’éducation et du langage.

Richard Gordon a appellé cette nouvelle situation : " l’économie du travail à domicile" . Bien qu’il englobe le phénomène du travail à domicile au sens strict qui apparaît en connexion avec l’assemblage électronique, Gordon utilise l’expression " l’économie du travail à domicile" pour désigner une restructuration du travail qui a généralement les caractéristiques autrefois attribuées aux emplois traditionnellement occupés par des femmes, aux emplois généralement occupés uniquement par celles-ci. Le travail est redéfini à la fois comme littéralement féminin et comme féminisé qu’il soit exercé par des hommes ou par des femmes. Etre féminisé suggère d’être rendu extrêmement vulnérable; d’être désassemblé, réassemblé, exploité comme une force de travail de réserve ; considérées moins comme des travailleuses que comme des servantes ; sujettes à des horaires irréguliers et à des heures supplémentaires qui se moquent de la limitation du temps de travail journalier ; menant une existence qui est toujours au seuil de l’obscénité, hors de contexte et réductible au sexe. La déqualification est une vieille stratégie récemment appliquée à des travailleurs autrefois privilégiés. L’économie du travail à domicile ne réfère toutefois pas seulement à de la déqualification à grande échelle, elle ne nie pas non plus le fait que de nouveaux secteurs de haute qualification sont en train d’apparaître, et ceci même pour des femmes et des hommes précédemment exclus des emplois qualifiés. Au contraire, le concept indique que l’usine, la maison et le marché sont intégrés dans une nouvelle échelle et que les places des femmes sont cruciales – Dans ce cadre, il faudra analyser dans diverses situations les implications pour les femmes en regard des différences qui existent entre elles et par rapport au sens des relations entre hommes et femmes .

L’économie du travail à domicile en tant que structure organisationnelle capitaliste mondiale est rendue possible grâce (et non causée par) aux nouvelles technologies. Le succès de l’attaque sur les emplois syndiqués occupés par des hommes surtout blancs, relativement privilégiés, ignore le pouvoir qu’ont les nouvelles technologies de communication d’intégrer et de contrôler l’emploi malgré sa plus grande dispersion et décentralisation. Les conséquences des nouvelles technologies sont ressenties par les femmes à la fois en termes de la perte du salaire (masculin) familial (si tant est qu’elles aient jamais eu accès à ce privilège blanc) et en termes de caractère de leurs propres emplois, qui deviennent forts en coefficient de capital; par exemple pour le travail de bureau et les soins infirmiers.

Les nouveaux arrangements technologiques et économiques sont aussi liés à l’effondrement de l’Etat-providence et à l’intensification des demandes faites aux femmes de se soutenir financièrement les hommes, les enfants et les personnes agées. Le problème de la féminisation de la pauvreté—générée par le démantèlement de l’Etat-providence, par l’économie du travail à domicile, où les emplois stables deviennent l’exception, et soutenu par l’absence d’espoir que les salaires des femmes soient complétés de salaires masculins pour le support des enfants —est devenue une question prioritaire. Les explications des familles dont la femme est le chef de ménage sont à chercher du côté de la race, de la classe ou de la sexualité, mais leur croissance constitue un terreau pour la coalition des femmes autour de bien des problèmes. Que les femmes supportent financièrement la famille, en partie à cause de l’application de leur statut de mère n’est pas nouveau ; ce qui l’est, c’est leur intégration au capitalisme général et à l’économie progressivement basée sur la guerre. La pression particulière, par exemple sur les femmes noires américaines, qui ont (à peine) réussi à échapper aux emplois de service domestique et qui occupent désormais en grand nombre des emplois de bureau ou des emplois similaires, a de grosses implications pour la pauvreté continue des populations noires au niveau de l’emploi. Dans les zones du tiers-monde qui s’industrialisent, les femmes adolescentes constituent de plus en plus la source unique ou majeure de revenu pour leurs familles, tandis que l’accès à la terre est toujours problématique. Ces développements doivent avoir des conséquences majeures dans les psychodynamiques et les politiques du genre et de la race.



En parallèle aux trois étapes majeures du capitalisme (commercial/industriel, monopolistique, multinational)—liées au nationalisme, à l’impérialisme et au multinationalisme et apparentées aux trois périodes esthétiques dominantes selon Jameson, le réalisme, le modernisme et le postmodernisme—, je considère que les formes spécifiques des familles se rapportent, sur le plan de la dialectique aux trois formes de capital et à ses extensions politiques et culturelles. Bien que vécues d’une manière problématique et inégale, les formes idéales de ces familles pourraient être schématisées comme suit . Premièrement, la famille nucléaire patriarcale, structurée par la dichotomie entre public et privé et accompagnée par l’idéologie bourgeoise blanche des sphères séparées et du féminisme bourgeois anglo-américain du dix-neuvième siècle. Deuxièmement, la famille moderne établie (appliquée) par l’Etat-providence et des institutions telles que le salaire familial, avec une éclosion d’idéologies hétérosexuelles a-féministes, en ce compris leurs versions radicales représentées dans Greenwich Village aux alentours de la Première Guerre Mondiale ; et enfin la " famille " de l’économie du travail à domicile avec sa structure oxymoronique de foyers dont la femme est le chef du ménage et son explosion de féminismes, qui mène à l’intensification et à l’érosion paradoxale du genre lui-même.

Ceci est le contexte dans lequel les projections d’un chômage mondial structurel résultant du développement des nouvelles technologies font partie d’un schéma plus large de l’économie du travail à domicile. Comme la robotique et les technologies apparentées font perdre leur travail aux hommes dans les pays " développés " et exacerbent l’échec de la création d’emplois masculins au sein du " développement " du Tiers-Monde, et comme les bureaux automatisés deviennent la norme même dans les pays où on connait un surplus d’emplois, la féminisation du travail s’intensifie. Les femmes noires aux Etats-Unis savent depuis longtemps ce que c’est que de faire face au sous-emploi structurel (" féminisation ") des hommes noirs, ainsi qu’à leur propre position hautement vulnérable dans l’économie salariale. Ce n’est plus un secret : la sexualité, la reproduction, la famille et la vie en communauté sont entremêlées à cette structure économique d’innombrables façons, ce qui a aussi contribué à différencier les situations des femmes blanches et noires. Beaucoup de femmes et d’hommes vont faire face à des situations similaires, ce qui va rendre nécessaire, et non plus seulement sympathique, des alliances raciales et inter-sexes sur des questions de survie élémentaire (avec ou sans emplois).

Les nouvelles technologies influencent aussi profondément la faim et la production de nourriture pour la subsistance mondiale. Rae Lessor Blumberg (1983) évalue que les femmes produisent environ 50 pour cent des besoins de nourriture du monde . Les femmes n’ont généralement pas le droit de bénéficier de la marchandisation des produits high- tech produits de plus en plus à partir des cultures d’aliments et d’énergie, leurs jours sont rendus plus ardus parce que leur responsabilité dans la fourniture de nourriture ne diminue pas, et leurs situations reproductives sont rendues plus complexes. Les technologies de la révolution écologique interagissent avec d’autres développements industriels high-tech pour modifier les divisions du genre au niveau du travail et les modèles migratoires basés sur le genre.

Les nouvelles technologies semblent profondément impliquées dans les formes de " privatisation " que Ros Petchesky (1981) a analysées, dans lesquelles intéragissent en synergie la militarisation, les idéologies et politiques de droite sur la famille, et les définitions intensifiées de la propriété privée et celle des sociétés (et celle de l’Etat) . Les nouvelles technologies de la communication jouent un rôle fondamental dans l’éradication de ‘la vie publique’ pour tout un chacun. Ce qui facilite la prolifération d’un establishment militaire high-tech permanent aux frais culturels et économiques de la majorité, mais plus spécialement aux dépens des femmes. Les technologies telles que les jeux vidéos et les télévisions hautement miniaturisées semblent cruciales pour la production de formes modernes de " vie privée ". La culture des jeux vidéos est lourdement orientée vers la compétition individuelle et la guerre extraterrestre. Une imagination high-tech sexuée est produite ici, une imagination qui peut envisager la destruction de la planète et une fuite science-fictionelle de ses conséquences. La militarisation va au delà de nos imaginations ; et les autres réalitées de la guerre électronique et nucléaire sont inéluctables. Ce sont là les technologies qui promettent une mobilité suprême et un échange parfait—et permettent accidentellement au tourisme, cette pratique parfaite de la mobilité et de l’échange, d’émerger comme une des industries singulières mondiales des plus importantes.

Les nouvelles technologies ont des conséquences à la fois sur les relations sociales de la sexualité et sur celles de la reproduction, et pas toujours de la même manière. Les liens étroits entre la sexualité et l’instrumentalisation, entre la vision du corps comme une sorte de satisfaction privée personnelle – et celle du corps comme machine maximisant l’utilité sont parfaitement décrites dans les histoires sociobiologiques de l’origine qui mettent l’accent sur un calcul génétique et expliquent l’inévitable dialectique de la domination des rôles sexués masculins et féminins . Ces histoires sociobiologiques dépendent d’une vue high-tech du corps comme composante biotique ou système de communication cybernétique. Parmi les nombreuses transformations des situations reproductives se trouve celle de la médecine, dans laquelle les corps des femmes ont des limites nouvellement perméables à la " visualisation " et à " l’intervention ". L’origine du contrôle de l’interprétation des frontières corporelles au sein de l’herméneutique médicale est évidemment un enjeu féministe capital. Dans les années 70, le speculum a servi de symbole aux femmes pour la réappropriation de leur corps. Cet outil artisanal est inadéquat pour exprimer notre besoin de politiques du corps dans la négociation de la réalité pour l’exercice de la reproduction cyborg. S’aider soi-même n’est pas suffisant. Les technologies de visualisation rappellent la pratique culturelle importante de la chasse à l’aide d’une caméra et la nature profondément prédatrice d’une conscience photographique . Le sexe, la sexualité et la reproduction sont des acteurs centraux dans les systèmes de mythes high-tech qui structurent nos imaginations au niveau des possibilités personnelles et sociales.

Un autre aspect important des relations sociales des nouvelles technologies est la reformulation d’attentes, de la culture, du travail et de la reproduction pour la force de travail largement scientifique et technique. La formation d’une structure sociale bimodale constitue un danger social et politique majeur, dans laquelle des masses de femmes et d’hommes issus de tous les groupes ethniques, surtout les personnes de couleur, se trouvent confinés dans une économie du travail à domicile, en proie à différents niveaux d’analphabétisme, au licenciement et à l’impuissance générale et sont controlés par des appareils répressifs high-tech allant du spectacle à la surveillance et même à la disparition. Une politique féministe-socialiste adéquate devrait s’adresser aux femmes dans les milieux professionnels privilégiés et particulièrement dans ceux de la production de science et de technologie, ceux qui construisent des discours, des procédés et objets technico-scientifiques .

Ce n’est qu’un des aspects, mais non le moindre, d’un essai d’une science féministe. Quel genre de rôle constitutif doivent avoir les nouveaux groupes qui font de la science dans la production du savoir, d’imagination et de pratique ? Comment ces groupes peuvent-ils s’allier aux mouvements sociaux et politiques progressistes ? Quel genre de responsabilité politique peut être construite pour l’ensemble des femmes au-delà des hiérarchies technico-scientifiques qui nous séparent ? Est-il possible de développer une politique féministe des sciences et de la technologie en alliance avec les groupes d’action anti-militaristes qui luttent pour la conversion des sites scientifiques ? De nombreux travailleurs scientifiques et techniques à Silicon Valley, les cow-boys high-tech inclus, ne désirent pas travailler dans le domaine de la science militaire . Ces préférences personnelles et ces tendances culturelles peuvent-elles être soudées en des politiques progressives parmi cette classe moyenne professionnelle dans laquelle les femmes, en ce compris les femmes de couleur, sont en train de devenir relativement nombreuses ?

last modified: 21/11/2002 @ 07:58
Category : book

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