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fr: Cyborg Manifesto

ref:
Simians, Cyborgs and Women
Free Associations Books
London
1991

www.stanford.edu/dept/HPS/Haraway/CyborgManifesto.htm



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by Donna J. Haraway

traduction Laurence Rassel, Nadine Plateau, Maria Puig


177

(…)

La culture high-tech remet en question ces dualismes humain-machine de curieuses façons. Qui produit et qui est produit dans la relation entre l’humain et la machine? Ce n’est pas évident. Pas évident de déterminer ce qui est corps et ce qui est esprit dans des machines dont l’unique fonction est le codage. Dans la mesure où nous nous connaissions nous-mêmes, que ce soit par le biais d’un discours formel (comme la biologie) ou de notre pratique quotidienne (par exemple l’économie du travail à domicile au sein du " circuit intégré " de l’économie globale), nous nous découvrons cyborgs, hybrides, mosaïques, chimères. Les organismes biologiques sont devenus des systèmes biotiques, des outils de communication comme les autres.

178

Nos connaissances formelles ne comprennent pas de différence fondamentale, ontologique entre la machine et l’organisme, entre la technique et l’organique. La réplicante Rachel du film de Ridley Scott, Blade Runner, incarne tout à la fois la peur, l’amour, et la confusion d’une culture cyborg.

Une des conséquences de ceci est que le sentiment de connexion à nos outils s’accroît. L’état de transe vécu par de nombreux utilisateurs d’ordinateurs est devenu matière à films de science-fiction et à plaisanteries de bon ton. Peut-être les paraplégiques et autres personnes gravement handicapées peuvent-ils vivre (et parfois ils le font) l’expérience la plus intense d’une hybridation complexe avec d’autres dispositifs de communication. En 1969, le livre pré-féministe d’Anne McCaffrey, ‘The Ship Who Sang’ explorait la conscience d’un cyborg, hybride entre un cerveau de fillette et une machinerie complexe formé après la naissance d’un enfant lourdement handicapé. Le genre (gender), la sexualité, l’incarnation/incorporation/encorporation (embodiment), l’habilité (skill): tout était reconstitué dans le récit. Pourquoi nos corps devraient-ils se limiter à la peau, ou inclure au mieux d’autres êtres emprisonnés dans de la peau? Du 17e siècle à nos jours, on a pu animer des machines - leur donner des âmes fantomatiques pour les faire parler ou bouger ou pour témoigner de leur développement régulier et de leurs capacités mentales. Ou alors, des organismes ont pu être mécanisés, réduits à un corps perçu comme réservoir d’esprit. Ces relations machine-organisme sont obsolètes et superflues. Pour nous, dans l’imaginaire comme dans d’autres pratiques, les machines peuvent être des prothèses utiles, des composants intimes, des "soi" amicaux. Nous n’avons pas besoin du holisme organique pour former un tout imperméable, une femme complète avec ses variantes féministes (mutantes?)

(…)

180

(…)

Les monstres ont toujours marqué les limites de la communauté dans les imaginaires occidentaux. Les Centaures et les Amazones de la Grèce antique établirent les limites des pouvoirs centralisés du mâle grec par leurs perturbations du mariage et leurs pollutions des frontières entre le guerrier et l’animalité ou la femme. Aux débuts de la France moderne, siamois et hermaphrodites constituèrent le matériau humain confus sur lequel se fonda le discours sur le naturel et le surnaturel, le médical et le légal, le sain et le malade, - notions cruciales à la construction de l’identité moderne.

Les théories évolutionnistes et comportementales sur les singes et les primates vinrent déterminer les multiples frontières des identités industrielles de cette fin de vingtième siècle. Les monstres cyborg de la science fiction féministe proposent eux des limites et des possibilités politiques quelque peu différentes de celles offertes par la fiction terre-à-terre de l’Homme et de la Femme.

Prendre au sérieux l’image du cyborg, autrement que comme celle de notre ennemi, n’est pas sans conséquences. Nos corps. Nous-mêmes. Nos corps sont des cartes du pouvoir et de l’identité. Les cyborgs ne font pas exception. Le corps d’un cyborg n’est pas innocent; il n’est pas né dans un jardin; il ne cherche pas l’identité unitaire et par là-même génère des dualismes antagonistes à l’infini (ou jusqu’à la fin du monde); il prend l’ironie au pied de la lettre. Un, c’est trop peu, et deux n’est jamais qu’une possibilité. Le plaisir intense que procure l’habilité, l’habilité machinale, n’est plus un pêché mais un aspect de notre encorporation. La machine n’est pas une chose à animer, à vénérer, à dominer. La machine est nous, nos processus, un aspect de notre incarnation. Nous pouvons répondre de nos machines; elles ne nous dominent ni nous menacent. Nous sommes responsables des frontières, nous sommes elles. Jusqu’à maintenant (et il était une fois), l’incarnation féminine semblait donnée, organique, nécessaire; et l’incarnation féminine semblait signifier l’aptitude à la maternité et ses ex-tensions métaphoriques. C’est seulement en n’étant pas à notre place que nous pouvions prendre un intense plaisir aux machines, et encore, en prenant l’excuse qu’après tout, il s’agissait d’ une activité organique, donc appropriée aux femmes. Il se pourrait que les cyborgs prennent plus au sérieux l’aspect partiel/al et parfois fluide du sexe et de l’encorporation sexuelle. Le genre (gender) pourrait ne pas être une identité globale après tout, en dépit de son étendue et de sa profondeur historique.

La question, idéologiquement chargée, de savoir ce qui compte comme activité quotidienne, comme expérience, peut être abordée en utilisant l’image du cyborg. Des féministes ont récemment proclamé que les femmes sont vouées à la quotidienneté, que d’une certaine manière, plus que les hommes elles assurent le quotidien, et qu’elles ont donc de fait, potentiellement, une position épistémologique privilégiée. Quelque chose s’impose dans cette affirmation, qui rend visible une activité non valorisée des femmes et la pose comme le fondement de la vie.


181

Mais quoi, le fondement de la vie? Quoi de toute l’ignorance des femmes, quoi de toutes les exclusions et de tous leurs manques de connaissance et de savoir faire? Quoi de l’accès des hommes aux compétences quotidiennes, au savoir construire des choses, les démonter, jouer? Quoi des autres corporalités? Le genre cyborg est une occasion locale de prendre une revanche globale. Race, genre et capital requièrent une théorie cyborg des touts et des parties. Les cyborgs ne nous poussent pas à une théorie totale, mais bien à une expérience intime des liens, de leur construction et de leur déconstruction. Il y a là un système de mythe en attente de devenir un langage politique dans lequel enraciner une façon de considérer la science et la technologie, et de remettre en question l’informatique de la domination - dans le but d’agir puissamment.

Une dernière image: les organismes et l’organismique, les politiques holistes dépendent de métaphores de la renaissance et font invariablement appel aux ressources du sexe reproducteur. Je voudrais suggérer que les cyborgs ont plus à voir avec la régénération et se méfient de la matrice reproductrice et de la naissance en général. Pour les salamandres, la régénération suite à une blessure comme la perte d’un membre implique la croissance nouvelle d’une structure et la restauration de la fonction, avec la possibilité permanente de dédoublement ou toute autre production topographique étrange à l’endroit de l’ancienne blessure. Le membre reproduit peut être monstrueux, dupliqué, puissant. Nous avons tou-te-s été blessé-e-s, profondément. Nous voulons la régénération, pas la renaissance. Et les possibilités de notre reconstitution englobent le rêve utopique d’espérer un monde monstrueux sans genres.

L’imagerie du cyborg peut aider à exprimer deux arguments cruciaux de ce texte: premièrement, la production d’une théorie totalisante et universelle est une erreur majeure qui fait passer à côté d’une bonne partie de la réalité, probablement de tous temps mais particulièrement aujourd’hui. Deuxièmement, replacer les sciences et les technologies dans les rapports sociaux amène à refuser une métaphysique anti-science, une démonologie de la technologie. Cela comprend la tâche délicate de reconstruire les frontières de la vie quotidienne, en connection partielle avec d’autres, en communication avec toutes nos parties. Ce n’est pas seulement que la science et la technologie soient des accès possibles à une grande satisfaction humaine en même temps qu’ une matrice de dominations complexes. L’imagerie du cyborg peut offrir une porte de sortie hors du dédale des dualismes dans lequel nous nous sommes expliqué nos corps et nos outils. Ceci n’est pas le rêve d’un langage commun, mais d’une hétéroglose puissante et infidèle. C’est l’imagination d’une féministe douée pour les langues qui flanquerait la trouille aux superhéros du nouvel ordre. Cela signifie à la fois construire et détruire: machines, catégories, relations, légendes de l’espace. Et bien que tous deux soient liés dans une même ronde, j’aimerais mieux être un cyborg qu’une déesse.

Voor nederlandse versie
Een Cyborg Manifest
vertaling Arno Beuken
bewerking en inleidend essay Karin Spaink
De Balie, 1994 Amsterdam


Notes

29. James Clifford (1985, 1988) défend de manière
persuasive la reconnaissance d’une réinvention culturelle continue, la non-disparition bornée de ceux ‘marqués’
par les pratiques occidentales impérialistes

30. DuBois (1982), Daston and Park (n.d.),
Park and Daston (1981).
Le mot monstre partage ses racines
avec le verbe démontrer

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last modified: 01/11/2001 @ 11:13
Category : book

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